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Poeme

poèmes de l’effondrement ADMIN 30 JANVIER 2018 UN COMMENTAIRE  Nicolas Chapuis a suivi des études de langue et civilisation chinoises aux Langues’O et à l’Université Paris VII. Diplomate de carrière, il a séjourné plus de quinze ans en Chine, où il a été notamment conseiller culturel auprès de l’ambassade de France. Il livre aujourd’hui la traduction commentée de l’imposant tome II des Œuvres poétiques du plus grand poète de la Chine médiévale, Du Fu 杜甫 (712-770). Ce volume comprend 109 poèmes rédigés pendant la première phase de la guerre civile qui déchire l’Empire des Tang, du début de l’hiver 755 au début du printemps 759. Durant cette période, les deux capitales impériales, Luoyang et Chang’an, furent occupées et pillées par les forces rebelles du général An Lushan. L’empereur Xuanzong est contraint à la fuite en juillet 756, son départ provoquant l’effondrement du régime et la fin d’un âge d’or ; son fils, Suzong, prend les commandes de la résistance loyaliste et reconquiert la plaine centrale et les deux capitales en 757, au prix d’un lourd bilan humain. La rébellion se replie au nord et parvient à reconstituer ses forces, faute pour Suzong et son gouvernement d’avoir su profiter de leur avantage. En avril 759, l’armée impériale sera défaite à nouveau. Du Fu chante sur un mode épique la chute de l’Empire, la désolation des défaites, la précarité des grands et des humbles, et l’espoir de la reconquête. Sa voix, que les épreuves personnelles mûrissent, est à la hauteur de l’Histoire qui se déroule sous ses yeux : plusieurs de ces textes sont devenus, au fil des siècles, des monuments comparables aux plus belles pages des tragédies de Shakespeare ou des épopées de Victor Hugo. La restauration de l’ordre impérial en 758 n’apporte pas le réconfort attendu. Le sort s’acharne sur Du Fu qui est limogé de la Cour dans le cadre d’une purge qui touche ses protecteurs et ses collègues. Rétrogradé à un poste d’administrateur dans une préfecture, il constate l’écart entre son ambition politique et la réalité des désordres. Ses poèmes deviennent caustiques et dépressifs, car « quand le vent d’automne mugit dans le ravin, l’orchidée émeraude perd son fragile parfum … quand les honneurs l’emportent sur les mérites, au soir de la vie on connaît de sévères gelées » Un mot de l’éditeur Extrait de l’introduction de Nicolas Chapuis. À la différence du volume précédent, celui-ci a bénéficié d’une double entreprise inégalée pour la compréhension de Du Fu : en avril 2014 est parue à Pékin une nouvelle édition chinoise annotée et commentée ; en janvier 2016 a été publiée aux États-Unis la première traduction intégrale en langue anglaise, réalisée par le professeur Stephen Owen. La nouvelle édition chinoise a nécessité trente-six ans d’un travail titanesque de vérification des sources textuelles et de compilation critique des commentaires effectués durant douze siècles. Le chef de projet, Xiao Difei 蕭滌非 (1907-1991), avait 71 ans lorsqu’il recruta son équipe en 1978, au sein de laquelle figuraient les plus grands spécialistes de Du Fu, pour la plupart professeurs à l’Université normale de Pékin et à l’Université du Shandong : Liao Zhong’an 廖仲安 (né en 1925), Zhang Zhonggang 張忠綱 (né en 1940), Li Hua 李 華, Zheng Qingma 鄭慶篤 (né en 1935), Zhu Baoqing 朱寶 清, Jiao Yuyin 焦裕銀, Yin Menglun 殷孟倫, Wang Liqi 王利 器, Shu Wu 舒蕪, Ye Jiaying 葉嘉瑩, Wang Peizeng 王佩增. Cette première équipe fut complétée en 2011 par un groupe de jeunes docteurs de l’Université du Shandong sous la direction de Zhang Zhonggang : Song Kaiyu 宋開玉, Zhao Ruicai 趙睿 才, Qi Wei 綦微 et Sun Zheng 孫徵. Le manuscrit des douze volumes (au total 7 209 pages) fut remis à l’éditeur le 29 décembre 2013 ; sa première édition, tirée à 4 000 exemplaires en avril 2014, reçut un accueil enthousiaste, à la mesure de son érudition phénoménale et du renouveau que ce travail apportait aux études classiques en Chine. L’intégration des commentaires des Qing et des variantes textuelles fait de cette édition le texte de référence incontournable pour toute étude sur Du Fu ; elle remplace désormais celle de Qiu Zhao’ao, établie trois siècles plus tôt. La traduction intégrale de Stephen Owen (né en 1946), parue en six volumes sous le titre The Poetry of Du Fu, met un point final à la discussion sur l’intérêt d’une vision globale de l’œuvre du poète : le professeur émérite de Harvard, qui a passé sa vie à étudier et à enseigner la poésie du Moyen Âge chinois, explique dans son introduction que s’il doit y avoir une justification pour traduire tous les poèmes, elle consiste peut-être dans l’approfondissement de notre compréhension du traitement des sujets triviaux, en sus de l’évocation des « grandes choses ». C’est la permanence de sa vision, fut-elle sarcastique, selon laquelle le quotidien est lourd de sens, qui fait qu’un Du Fu intégral est plus gratifiant qu’un Du Fu abrégé. Pour Owen, Du Fu n’est pas le plus grand poète chinois en raison de quelques grandes œuvres ; il l’est parce qu’il est le seul à avoir transformé le réel, tout le réel, en poésie. Cette traduction, qu’il a menée huit ans durant (2008-2015), n’est annotée que pour expliquer les allusions incompréhensibles par un lecteur occidental ; elle suit l’ordre chronologique établi par Qiu Zhao’ao. Owen a confié que ce travail, pour frustrant qu’il ait pu lui paraître par moments, l’a « possédé » : « J’ai travaillé et travaillé ; non pas que je fusse paresseux, mais on prend conscience du territoire à couvrir : on n’a pas fini un champ qu’il faut en labourer un autre. » Grâce à sa connaissance intime des références poétiques dans lesquelles Du Fu puise, Stephen Owen a produit une traduction inestimable de précision et de qualité, même si parfois son interprétation de tel ou tel couplet obscur peut être contestée : il ne diffère pas en l’occurrence de générations de lettrés chinois avant lui. […] Du Fu, témoin de la fin du monde Les trois années de ce volume couvrent la première phase de la guerre civile qui opposa les rebelles menés par An Lushan, puis par son fils An Qingxu, aux forces demeurées loyales à la dynastie des Tang. Durant cette période, les deux capitales impériales, Luoyang et Chang’an, furent occupées et pillées par les rebelles, la première dès l’ouverture des hostilités en janvier 756, la seconde en juillet de la même année. Il fallut près de dix-huit mois à l’armée impériale pour reprendre les capitales, Chang’an en novembre 757, Luoyang le mois suivant. Mais le coût de la reconquête aura été très lourd, tant sur le plan humain (sans doute plusieurs millions de morts) que politique : abdication de Xuanzong, instabilité de l’entourage du nouvel empereur Suzong, dépendance croissante de la Cour des Tang envers les armées des frontières, coupure profonde entre la Chine centrale (le Guanzhong, « à l’intérieur des Passes », c’est-à-dire le Shaanxi et l’extrémité ouest du Henan) reprise par les impériaux et la Chine du Nord (Hebei, Shandong) aux mains des rebelles. En trois ans, la Chine a basculé du paradis à l’enfer : un traumatisme qui terrifia des générations de responsables politiques et militaires chinois. De tous les témoins de cet effondrement, Du Fu est celui qui, tant par le hasard des circonstances que du fait de sa conscience de la catastrophe dont il était le témoin, a su le mieux percevoir et chanter la fn d’un monde avec lequel il s’identifiait totalement. Dès les premiers jours de la guerre, il perd son plus jeune fils, mort de faim et de froid ; lui-même est fait prisonnier de septembre 756 à mai 757 ; revenu à la Cour où il obtient enfin le poste dont il rêvait depuis plus de trente ans, il est limogé en juillet 758 ; nommé à un emploi de cadre local aux pieds du mont Huashan, il démissionne un an plus tard et ne reviendra plus jamais au Guanzhong. C’est donc personnellement qu’il éprouve les ravages de la guerre, l’exode des populations civiles, les luttes de factions à la Cour, les dissensions stratégiques, la fragilité des amitiés, l’arbitraire du pouvoir. Certes, Li Bai, Wang Wei, Gao Shi et bien d’autres poètes de sa génération sont également emportés par le chaos : mais, effectivement, seul Du Fu voit dans cet ébranlement du Qian et du Kun, du Ciel et de la Terre, matière à composition poétique, jour après jour, forgeant au fil de ses vers des images d’une rare intensité, souvent saisissantes de réalisme et toujours impressionnantes sur le plan de l’expression. […]

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