L'aide à domicile fait campagne
Le gouvernement a lancé le 1er février 2017 une opération de communication pour promouvoir les métiers de l’aide à domicile. Un potentiel de 300 000 emplois à créer d’ici à une douzaine d’années.
"Aider les autres, c’est mon métier". Tel est le slogan de la campagne de communication lancée par le gouvernement le 1er février 2017 pour promouvoir le secteur de l’aide à domicile. Cette campagne découle directement de la loi d’adaptation de la société au vieillissement (ASV), entrée en vigueur le 1er janvier 2016 et qui comprend une revalorisation de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Le constat est connu: le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus passera de 15 millions aujourd’hui à 20 millions en 2030 et à 24 millions en 2060, dont 5 millions de plus de 85 ans. "Cette révolution de l’âge est un défi majeur pour la société qui doit s’adapter dès à présent", rappelle Pascale Boistard, la secrétaire d’État chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie. Le soutien professionnel aux aînés constitue donc un enjeu social et économique de taille. "Il s’agit de vrais métiers, insuffisamment connus", complète la ministre.
De vrais métiers au service des plus fragiles
Problème: ces métiers souffrent d’un "déficit d’image" qui ne concourt pas à leur attractivité. Cette opération de communication rappelle donc les atouts du secteur: un potentiel de 300 000 emplois à pourvoir d’ici à 2030, "hors remplacement des départs à la retraite", précise Pascale Boistard. Et dont 80% des postes sont en contrat à durée indéterminée. Des métiers ouverts à tous, notamment aux personnes sans diplôme qui peuvent suivre des formations qualifiantes au cours de leur carrière. Le nouveau diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social (créé en 2016) couvre ainsi trois domaines: l’accompagnement de la vie à domicile ou en structure collective ainsi que l’aide à l’autonomie des enfants, adolescents et jeunes adultes en situation de handicap. La campagne s’adresse aux jeunes en cours d’orientation ou en recherche d’emploi ainsi qu’aux personnes en reconversion professionnelle qui peuvent se renseigner auprès des Directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (www.drjscs.gouv.fr).
Les fédérations d’aide à domicile dénoncent des tarifs trop bas
Les fédérations et entreprises du secteur de l’aide à domicile voient d’un bon œil cette campagne. "Elle montre que ces emplois ne sont pas des petits boulots ", note Didier Duplan, directeur général adjoint d’Adessadomicile. Cependant, les professionnels restent vigilants quant à l’application de la loi ASV par les départements. Ce sont eux qui fixent les tarifs d’intervention à domicile. Or ceux-ci restent dans la plupart des cas – et depuis des années - inférieurs aux coûts de fonctionnement des services d’aide. "Le coût de revient d’une heure à domicile se situe autour de 24 €. Tant que les pouvoirs publics tarifieront l’heure entre 18 et 21 €, chaque heure réalisée conduira à un déficit de 3 à 6 €", souligne Pascal Champvert de l’Association des directeurs au service des Personnes âgées (AD-PA). Conséquence: "les services sont exsangues...", confie Didier Duplan.
50 millions d'euros pour encourager les bonnes pratiques
Pour tenter de remédier à cette situation, le gouvernement a mis en place un fond d’appui aux bonnes pratiques et d’aide à la restructuration des services d’aide et d’accompagnement à domicile. Doté de 50 millions d'euros en 2017, il s’agit d’un coup de pouce financier accordé aux Conseils départementaux, fragilisés par l’explosion de leurs budgets sociaux. Il est conditionné au respect d’un guide de bonnes pratiques : garantie du libre choix de l’intervenant à domicile par les personnes âgées ; application du "juste tarif": c’est-à-dire la prise en compte du coût de revient de l’intervention par la tarification départementale; amélioration des conditions de travail des professionnels. Selon Pascale Boistard, une soixantaine de départements se sont engagés dans la démarche. Chargé d’une mission d’étude sur les écarts de tarification de l’aide à domicile, le sénateur Georges Labazée (PS) doit rendre son rapport début mars. L’occasion de mesurer l’impact de la loi ASV sur le terrain…
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